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Les crop circles français de Valence/Chabeuil ont-ils évoqué
les incidents nucléaires de l'été 2008
dans la région Rhône-Alpes ?
Quels que soient les auteurs de ces crop circles,
il est intéressant de garder note du message diffusé sur le web par l'association "Sortir du Nucléaire" et Lyonmag
et qui retracent dans les grandes lignes les différents incidents qui se sont produits cet été.
LyonMag - 2 décembre 2008 - Propos recueillis par Nadège Michaudet
Nucléaire : “Vers une multiplication des problèmes”
Depuis cet été, plus d’une dizaine d’accidents ont eu lieu dans la région. Stéphane Lhomme, porte-parole de l’association Sortir du nucléaire, dresse un constat inquiétant.
Il y a eu beaucoup d’accidents nucléaires dans la
région ?
Stéphane Lhomme : Oui. L’association Sortir du nucléaire a comptabilisé plus
d’une dizaine d’accidents nucléaires ou industriels depuis le mois de
juillet dans la région Rhône-Alpes. Soit plus de deux accidents par mois.
Les accidents les plus graves ?
Sans aucun doute celui du 7 juillet dernier, où 360 kilos d’uranium se sont
échappés de l’usine Socatri d’Areva, installée sur le site de Tricastin dans
la Drôme. Dont plus de 75 kilos d’uranium qui se sont déversés dans une
rivière, la Gaffière. D’où une interdiction totale de consommer l’eau et de
pêcher. Mais ce n’est pas la seule affaire de ce genre. Le 18 juillet, on a
découvert que la tuyauterie d’une usine à Romans-sur-Isère était rompue
depuis plusieurs années et que de l’uranium se déversait dans la nature.
Même chose le 22 août, où il y a eu une fuite d’uranium à l’usine Comurhex
de Pierrelatte. Encore un problème de canalisation qui était rompue depuis
plusieurs années. Cette usine, qui appartient à Areva, a d’ailleurs reconnu
que 250 grammes d’uranium ont pu être rejetés dans le sol chaque année.
Les industriels minimisent les risques ?
C’est évident ! D’ailleurs, ils s’arrangent toujours pour classer les
accidents en niveau 1 sur une échelle de risques qui va jusqu’à 7. Pour
tenter de faire croire que les rejets radioactifs sont faibles, sans risque
réel pour la santé. Alors que dans la majorité des cas, on pourrait classer
les accidents en niveau 3. Mais les industriels veulent éviter toute
polémique.
Comment expliquer ces problèmes à répétition ?
Ce sont des usines complètement obsolètes. Les industriels bricolent en
réalisant des travaux ponctuels. Résultat : on va avoir une multiplication
de ce genre de problèmes, voire un accident très grave, surtout dans la
région Rhône-Alpes.
Rhône-Alpes est une zone à risque ?
Oui. Car c’est une région très nucléarisée, notamment avec le site du
Tricastin qui compte des dizaines d’entreprises à risque : Eurodif
spécialisée dans l’enrichissement d’uranium, Comurhex et Cogema, des usines
de chimie de l’uranium... Mais surtout la Socatri qui traite des effluents
radioactifs. En plus, la région compte quatre centrales nucléaires : à
Tricastin dans la Drôme, à Saint-Alban en Isère, dans le Bugey et à Cruas en
Ardèche. Car notre région est près du Rhône, un fleuve large et puissant, où
les industriels peuvent déverser leurs saloperies plus discrètement.
Mais des prélèvements sont réalisés régulièrement
!
Bien sûr, mais on ne sait pas quand sont réalisés ces prélèvements, à quel
endroit... Souvent les industriels attendent que les produits chimiques
soient un peu dilués pour pouvoir minimiser les dégâts. Il faut aussi savoir
que le nucléaire rejette énormément de produits chimiques dans
l’environnement. D’ailleurs, le 19 novembre, il y a eu une fuite d’huile
industrielle qui provenait de la centrale nucléaire du Bugey. Résultat, une
centaine de litres d’huile s’est déversée sur plusieurs kilomètres dans le
Rhône.
Ceux qui sont les plus touchés par ces rejets
radioactifs ?
Les riverains qui habitent à proximité d’une centrale nucléaire ou d’une
usine à risque. D’ailleurs, une étude publiée récemment par des
scientifiques allemands a prouvé que les gens qui vivaient à 50 km autour
d’une zone à risque contractaient plus facilement un cancer à cause de
rejets radioactifs réguliers. Sans oublier les salariés qui sont aussi
particulièrement touchés par ces risques radioactifs.
Le profil de ces salariés ?
Ils sont généralement dans une situation précaire, en intérim ou en CDD, et
ils réalisent plus de 80% des opérations dangereuses. Ce sont eux qui vont
resserrer des boulons ou changer des tuyaux dans les zones irradiantes. On
les appelles d’ailleurs les nomades du nucléaire, car ils vont de centrale
en centrale, selon les opérations de maintenance à réaliser. Le pire, c’est
qu’une fois qu’ils sont bien irradiés, EDF les licencient. Comme ça, ils
n’apparaissent pas dans les statistiques des salariés du nucléaire.
Vous n’exagérez pas un peu ?
Pas du tout ! Rien qu’en juillet dernier, 15 salariés ont été contaminés
après une fuite dans la centrale nucléaire de l’Isère, à Saint-Alban. Et 100
autres ont été irradiés à la suite d’une erreur de manipulation lors d’une
opération de maintenance à la centrale nucléaire d’EDF à Tricastin. Mais
c’est difficile d’évaluer le nombre de salariés qui ont contracté une
maladie après une exposition à répétition, car les cancers se déclarent
plusieurs années après.
4 milliards
Contactée par Lyon Mag, EDF ne s’estime pas responsable des différents
incidents nucléaires survenus depuis cet été dans la région : “Les
événements qui ont eu lieu sur les centrales nucléaires de Tricastin, Bugey
et Cruas n’ont pas de lien (entre eux) et n’ont eu aucune conséquence sur
les personnes, l’environnement et la sûreté des installations”. Même
réaction d’Areva, qui a également réagi par un communiqué : “On a toujours
tout dit, sans essayer de minimiser quoi que ce soit.” Et d’ajouter : “Areva
a rappelé dès le mois d’août sa volonté de continuer la modernisation des
installations (plus de 4 milliards d’euros investis sur le site du
Tricastin). Nous construisons des usines neuves en ce moment, ce qui ne veut
pas dire que les actuelles ne sont plus sûres.”
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